tenue + Hyerim avait passé toute la journée dans son petit bureau à l’immeuble qui regroupait des tas d’autres petites entreprises diverses en tout genre. Elle avait classé la majorité de ses dossiers, tentant de remettre un peu d’ordre. Elle avait aussi rangé la majorité des photos qu’elle avait prise, les regroupant pour chaque dossier. La détective était retombée sur tout ce qu’elle avait emmagasiné sur les terroristes l’an passé. Elle avait dû regarder ce dossier pendant plus de deux heures, un peu nostalgique de son travail accompli, avant de finalement le ranger avec les autres. Cette nostalgie soudaine lui avait donné envie de retourner fouiller un peu du côté des enragés. Elle avait arrêté quelques temps après avoir failli être prise sur le fait, mais elle avait réussi à s’éclipser. Néanmoins en habitant dans le quartier qui abrite la majorité des enragés, elle avait des chances inouïes de tomber sur de multiples informations à chaque coin de rue si elle se mettait à fouiller un peu plus.

Alors ce soir en quittant son bureau, elle avait attrapé son matériel, un appareil photo, un microphone et un calepin avec stylo, glissant le tout dans son sac et était partie dans son quartier d’habitation. Y résider lui donnait un petit avantage, elle pouvait se balader sans crainte. Etant assez discrète de nature, elle n’avait qu’à laisser glisser ses oreilles là où elle passait pour tenter de récolter quelques petites informations. Elle en avait déjà certaines, même concernant leur chef, mais elle n’avait pas encore réussi à avoir de photos et ne l’avait jamais vu. Mais ça ne saurait tarder. Pour l’instant, elle se contentait de suivre ceux qu’elle reconnaissait.

Alors qu’elle marchait, elle fit une petite halte juste en face du Rade pour acheter un truc à grignoter non sans jeter de légers coups d’œil. Elle reconnut rapidement deux trois enragés. Vu qu’un s’éloignait des autres, elle se chargea de le prendre en filature. Elle n’avait que de vagues connaissances sur les trafics que pouvaient entreprendre les enragés, peut-être aurait-elle des preuves ce soir ? Marchant tranquillement, comme si elle ne faisait que se balader, elle eut une drôle de sensation au bout d’un moment. Préférant ne pas se retourner, elle comprit pourtant qu’elle était sans doute suivie. Ironique n’est-ce pas ? Mais Hyerim n’était pas du genre à se laisser intimider, même si un enragé l’avait repéré. Elle avait de quoi se défendre dans son sac, merci la brigade. Prenant son courage à deux mains, elle tourna dans une ruelle subitement et sortie son taser de son sac, attendant. Elle ne se trompait pas, un homme venait de s’engager dans la ruelle. Elle le poussa contre le mur et le menaça avec son taser. Elle n’était pas bien forte, mais cela devrait suffire à ce qu’il se tienne tranquille. Elle ne le connaissait pas. « Pourquoi est-ce que tu me suis ? Qu’est-ce que tu me veux ? Et c’est quoi ton nom ? » demanda-t-elle, sûre d’elle, peu encline à se laisser effrayer pour si peu. Elle avait connu pire situation chez les terroristes.

Jae Duk n’était pas de bonne humeur ce soir… Il y avait de cela quelques jours, un de ses hommes était venu lui faire un rapport. Deux guignols masqués – dont l’un se faisait appeler The Chaser, d’après ce qu’il avait compris, avait cru bon venir s’interposer lors d’une petite affaire entre un de ses fidèles et un important Conservateur. Le coup était prévu depuis plusieurs semaines… Et sans l’intervention de ces deux imbéciles, les choses auraient pu se dérouler comme prévues. Mais tous s’étaient fait pincer, et avaient terminé en détention au commissariat de Seodaemun-gu. D’après le rapport de l’Enragé qui avait réussi à en réchapper, The Chaser et son acolyte semblaient bien informés. Soit il y avait une fuite… Soit ils avaient été vendus par un quelconque informateur ou détective. Jae Duk ne rejetait pas totalement la première hypothèse, n’objectant pas qu’il puisse y avoir quelques moutons noirs parmi ses hommes. Mais depuis quelques temps, il n’avait de cesses d’avoir des échos d’une certaine Park Hye Rim. Ancienne brigadière qui avait réussi à s’infiltrer chez Kérés pour piocher des informations à leur insu… Depuis la fin de la guerre, elle opérait en tant que détective privée, et semblait très intéressée par la piste des Enragés. Jae Duk avait déjà réuni quelques petites informations à son sujet, au cas-où elle serait trop gênante. Et les récents événements avaient fini d’attiser ses soupçons à son égard.

Néanmoins, il ne s’attendait pas à la voir de sitôt dans le quartier des Enragés. Pourtant, quand il reconnut dans la rue ce visage qu’il avait déjà vu en photo, il jura que c’était bel et bien elle. Faisant signe aux hommes qu’il accompagnait pour encadrer une petite transaction, il se fit discret pour entamer sa filature. Il n’avait pas l’intention d’être particulièrement discret ; il envisageait déjà la confrontation.

Ce fut au cours de quelques courtes minutes que la détective sembla s’apercevoir de quelque chose. Après avoir emprunté le chemin d’une petite ruelle peu fréquentée, elle plaqua l’Enragé contre un mur, menaçant avec un taser. Jae Duk n’émit aucune opposition, restant calme. Il s’attendait à cette réaction. Elle exigea de savoir qui il était, ce qu’il voulait, pourquoi il la suivait. « Tu n’as pas besoin de le savoir. » répondit-il dans un premier temps, concernant son nom. Il se doutait qu’elle avait des informations sur le chef des lieux. Mais elle n’avait pas besoin de savoir que c’était lui qu’elle avait en face d’elle en ce moment même. « C’est amusant, non ? » reprit Jae Duk, le ton toujours très calme. « Qu’une détective privée soit prise à son propre jeu. »

« Les enragés aussi savent s’informer, Park Hye Rim. » souffla-t-il. Son regard tomba sur le taser. Un petit rictus arqua les lèvres de Jae Duk. « Tu peux baisser ton arme, je n’ai pas l’intention de te faire du mal. » Ou peu. Il avait juste l’intention de lui faire comprendre qu’il serait préférable qu’elle cesse de fourrer son nez dans les affaires des enragés. « Qu’as-tu récolté, ce soir ? » demanda-t-il toujours aussi calmement, juste par pure curiosité. Peut-être n’avait-elle pas même eut le temps de ramasser la moindre information. Mais il en doutait… La réputation de Hye Rim était celle d’un agent discret, mais redoutablement efficace.